ITW Rone & Madben by Darkside of the Moule @ Astropolis 18.5

Lors du week-end du 20 Janvier 2013 s’est déroulée à Brest la seconde édition hivernale du plus ancien festival de musiques électroniques de France: Astropolis. Installés sur place pour diffuser leur émission de radio les soirs du vendredi et du samedi, les 3/4 de l’équipe de Darkside Of The Moule ont enregistré leur apéritif avec Rone (qui présentait son live « Module »), son vidéaste Studio Fünf, ainsi que l’étoile montante de la techno française, Madben. Discussion sur le vif, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur leurs prochaines sorties, leurs influences, ainsi que leur amour pour la Bretagne.

Florian (Astropolis): T’as vu les écrans derrière, là?
Rone: Eh ben ouais!
Florian: Ils sont propres au moins? Parce que hier ils étaient un peu…
Rone: Oui oui, mais c’est vrai qu’on avait pas du tout imaginé ça comme ça…
Ludovic (Duprez, Studio Fünf): 12 mètres par 8 partagés en 4 écrans! Je pensais qu’ils étaient ensemble. Là y’a un peu 1m80 de noir au milieu. Enfin 1m50. Mais écoute hein, c’est comme ça.
Moule : Et sinon Ben ça faisait un moment que vous parliez de ta release…
Madben: Ben ouais, ça a pris…Ca s’est décalé de 4 mois.
Florian: On a déjà trouvé le remixeur(rires)!
Rone: Beh oui mais c’est trop con! Et puis Gildas (Rioualen, boss d’Astropolis) est têtu hein! Mais je pouvais pas, pourtant ça me tentait vachement…
Ça aurait été fou.
Rone: C’est con, j’en avais vraiment envie, mais c’était en plein…Je bossais déjà sur un truc.
Ça l’a pas empêché de se vendre carrément bien au Vauban.
Madben: Il y a une bonne moitié qui est partie.
Rone: Parce que là il est sorti…?
Madben: Il est sorti hier. Uniquement pour ceux qui étaient au Vauban…
Non à la carène aussi, il y en avait 20 je crois.
Madben: Ah oui, exact.
Rone: Du coup j’ai pas entendu le remix de Scan X.
Madben: Il est chouette, franchement. Et pressé sur vinyle, il est encore plus chouette que la version digitale. C’est un peu l’inverse du morceau original où ça a un peu perdu comparé à la version digitale. C’est pas flagrant hein. Alors que le sien, vraiment, il rend bien, mais grave. C’est ce qu’il disait, qu’à la gravure, parfois tu t’expliques pas, tu peux avoir une bonne ou une mauvaise surprise avec le meilleur des masterings. Il s’est bien pris la tête dessus.
Rone: C’est aussi…moi j’ai galéré pour les histoires de mastering. Et il faut trouver le bon mec aussi. Moi je l’ai je le lâche plus. Mais oui, c’est pareil. Y’avait des fois, j’avais l’impression que le son était moins bon après, c’était bizarre.
Madben: Que ce que tu leur avais envoyé?
Rone: Ouais, ouais. Et alors après, je complexais, je me disais putain, ça vient de mon mix, mon son et tout, mais en fait nan, après tu le donnes à la bonne personne et il fait un boulot monstrueux.
Madben: Oui, Stéphane (Dri, Scan x) pour ça c’est un bon tueur.
Je croyais qu’il y avait un remix de Ian O’Donovan dessus aussi?
Madben: Alors, j’ai un maxi qui sort, qu’on a fait ensemble, avec Ian O’Donovan
Mais pas sur Astropolis Records?
Madben: Pas sur Astropolis Records, c’est un label belge. Mais c’est vrai que ouais, Stéphane c’est un peu le tueur du mastering en France, pour moi c’est vraiment…Tu vois, déjà les deux-trois astuces qu’il te donne en masterclass, il te fait sonner un truc en deux secondes. Moi je suis une bille en mix, mastering, j’y connais rien du tout.
Pas de mastering est un bon mastering.
Madben: (rires) Oui c’est un peu ça l’idée, c’est de trouver un mec bon pour qu’il le fasse.

Du coup vous êtes chauds pour une interview croisée de Madben et Rone?
Madben: Oui, si vous voulez. Je peux vous laisser peinards avec Erwan (Castex, Rone) si vous aviez prévu.
Non, c’est cool.
Rone: Je prendrais bien une petite vodka.
Inconnu: Putain, Jeff Mills a fait 40 minutes de plus que prévu. C’était cool.
J’ai vu que la moitié mais putain, j’étais vraiment dégoûté de partir.
inconnu: Ouais, c’était bien cool.
Je suis parti au moment où il est rentré dans sa bulle, ça c’était vraiment ouf. Quand il est parti avec la 909…
inconnu: Ah, c’est clair. Bon délire.
Il a mis un peu de temps à se lancer, c’était vachement mental au début.
Madben: Ouais, les premières nappes elles étaient particulières.
Même Thraces, c’était bien drone au début. J’aurais pu tenir 1 heure comme ça. Bon, et du coup l’Astrospring, ça s’est bien passé pour toi?
Rone: Ouais, c’était super bien. C’était mortel.
On se disait tout à l’heure qu’en live ta musique prend une autre dimension. Au tout début quand on commençait à t’écouter on trouvait ça plutôt chill. Et au final dans la cour du manoir, ou plutôt les deux cours des deux manoirs, c’est carrément autre chose. Au Cabaret Sonique, 1 heure c’était un peu court par contre.
Rone: Ah oui oui, au cabaret Vauban, il y avait une petite frustration. En festival avec un line-up c’est plus…Mais c’est vrai que dans une salle comme ça, ça donne envie de jouer un peu plus longtemps. Vous voulez de la Dark Dog avec?
Oui, vas-y.
Madben: Moi je me suis déjà servi (rires).
Rone: Beh ouais du coup c’était la troisième soirée avec cette bande-là. Et en fait ces trois dates ont compté pour moi. Le premier Astropolis, le cabaret Vauban aussi c’était mortel.
En plus t’es le premier gars qui devait passer au Beau Rivage et qui finalement est passé dans la Cour direct.
Rone: Ouais y’a eu un petit coup de…
(à Madben): Toi tu as fait un peu le même cheminement.
Madben: Oui et en fait la première année où toi t’es passé dans la Cour, je suis passé à Beau Rivage.
Rone: Oui!
Heureusement que Maetrik a annulé en fait.
Madben: Ouais, puis le site est mortel. C’est chouette. Et même la cour après c’est la classe.
Rone: Ouais c’était super bien. Il y avait le sonic crew avant…
Et qui jouait après toi à l’astrospring déjà? Je me souviens plus.
Rone: Ah oui, bah…J’ai un trou de mémoire, un mec de Détroit.
Ah Kevin Saunderson. Ah oui, Dj Pierre c’était avec Agoria et Electric Rescue. Il nous avait passé du saxo le matin.
Rone: Pour moi il y avait Fritz Kalkbrenner avant.
La dernière fois qu’on t’as parlé, tu venais d’emménager à Berlin. Tu es toujours dans ta friche là?
Rone: Ouais ouais, toujours au même endroit. J’ai juste changé de studio.
Toujours dans le même bâtiment?
Rone: Ouais, le même bâtiment, j’ai trouvé un truc un peu plus… Je me suis mis dans une cave. Je suis passé du troisième étage bien lumineux à une cave. Mais c’est beaucoup mieux parce que… Boh, je m’y sens mieux en fait. C’était une histoire de son. Ça sonne mieux où je suis maintenant. Et puis c’est super, quoi.
Tu as déménagé pendant ton album ou…?
Rone: Nan, après. J’ai fini l’album dans un seul studio et puis là en fait c’est tout récent, ça fait une semaine que je suis dans le nouveau studio. Ça change pas grand-chose hein, j’ai juste changé d’étage, je suis à trois étages en dessous. Y’a un peu plus d’espace. Est-ce que je peux te prendre une dark energy?
Oui oui, attends je t’en tope une dans le frigo.
Rone: Cool, merci.
Sinon pour tout t’avouer, parce que j’étais vraiment fan du premier album
Rone: Ah!
Et euh, j’ai été un peu déçu.
Rone: Je m’y attendais. Bon, sortez tous. (rires)
C’est peut-être parce que j’ai été moins pris dedans… Moins de sentiments. Mais on en avait parlé et tu le dis dans plusieurs interviews, tu retravailles vraiment tous tes trucs en live donc j’ai quand même hâte de voir ça. Parce que c’est vrai que celui à Kériolet et même au Cabaret Sonique ça m’avait foutu une claque. Mais bon, il fallait que je te le dise.
Rone: Nan mais c’est vrai qu’on me le dit de temps en temps, il y a pas mal de gens qui sont déstabilisés parce que c’est pas tout à fait la même chose que le premier album. Moi je suis content. Surtout que…C’est bizarre, c’est super bizarre de parler de ce disque maintenant parce qu’en fait j’ai déjà l’impression d’être ailleurs, je suis déjà en train de faire des nouveaux morceaux et tout ça. Mais bon, c’est vrai que le live ça me permet de jouer les morceaux de l’album différemment, là peut-être que vous allez reconnaître des petits gimmicks, des choses comme ça, mais en même temps c’est autre chose.
Tes lives c’est toujours 1 heure par contre?
Rone: Mes lives, oui. À peu près.
Parce que moi j’étais là, bon..Deux albums…2 heures quoi! (rires)
Rone: (rires) Bah oui mais ça j’y réfléchis beaucoup aussi. J’aimerais bien faire évoluer… Jouer un petit plus longtemps. Mais tu sais qu’en fait, finalement, c’est aussi… Il y a un format avec le live, c’est aussi les gens qui me disent… Moi souvent j’ai proposé de jouer plus longtemps, et on m’a dit 1 heure c’est bien pour un live, machin… Bon par exemple là je vais jouer au Trianon, c’est un peu spécial parce que c’est pas dans un line-up, c’est un concert donc je vais jouer un peu plus longtemps mais sinon, ça dure 1 heure, c’est comme ça. Moi je trouve que c’est un format bien, à la fin d’1 heure j’ai l’impression d’avoir bien donné. Ça m’arrive parfois d’être un petit peu frustré et d’avoir envie de continuer, mais quand même ça peut être assez intense. Je me dis qu’il vaut mieux une bonne heure bien intense où t’es à fond dedans du début à la fin que de traîner 1h30/2h…
Sinon vu que tu disais que tu étais en train de bosser sur des nouveaux morceaux, je vais refaire mon relou, parce que la dernière fois on avait parlé des trucs que tu faisais avec Lucy, du coup je me demandais si…
Rone: Ah, une collaboration ou un truc comme ça?
Parce qu’il voulait une collaboration avec Lucy, il en a eu une avec High Priest au final.
Rone: (rires) Ah oui!
Au début je croyais que c’était un autre Rone. Vu qu’il y a un rappeur…
Rone: Oui oui, il y a un rappeur qui s’appelle Rone aussi… Ça a dû brouiller un peu les pistes, je crois qu’il ya plein de mecs qui lui écrivent sur son twitter en pensant que c’est moi et qui m’écrivent à moi en pensant que c’est lui, c’est un bordel… D’ailleurs on s’est envoyé un mail, « bon qu’est-ce qu’il se passe » (rires). Nan mais il a l’air cool le gars mais c’est vraiment très hip-hop.
Tu comptes bosser avec les autres mecs d’Antipop Consortium aussi?
Rone: Nan nan nan, c’est vraiment une expérience… Bon, moi je suis super content de l’avoir fait, j’adorais ce groupe et tout, et il y avait l’occasion de le faire donc j’ai foncé. Ce qui s’est passé c’est que j’avais le morceau, il y avait déjà l’instru quoi, et il manquait un truc dessus et en fait bah j’ai été mis en contact avec High Priest, le mec était super cool, c’était un peu un test, j’ai envoyé l’instru et le mec, hyper vite, il m’a envoyé…
C’est pas InFiné qui te l’avais proposé?
Rone: Si! En fait tu sais il y a des mecs d’InFiné qui bossent aussi chez Warp, donc comme eux étaient chez Warp ils m’ont demandé si ça m’intéresserait… C’est marrant parce que je leur ai jamais parlé d’Antipop mais moi j’adore, et ils m’ont dit… Parfois je dis non, mais des fois ils me disent « oh, il y a je sais pas qui qui est à berlin, est-ce que ça te dirait de le rencontrer, machin… ». Et là High Priest, j’ai tout de suite tilté, ça aurait pu foirer, d’ailleurs j’y croyais pas tout de suite, et puis en fait il m’a envoyé son truc, j’ai trouvé que ça collait quoi, donc on est allés au bout du morceau avec lui… Et ouais, pour revenir sur Lucy, c’est marrant, il a un studio à 20 mètres du mien, il est juste à côté, en fait on se voit pas beaucoup, on s’est un peu perdus de vue, et là on s’est vus il y a quelques semaines, il voulait me voir, on a parlé un peu, tout ça, on s’était pas vus depuis un moment. En fait on a pris des chemins assez différents, quand même.
Lui est vraiment parti dans la grosse techno avec Stroboscopic Artefacts.
Rone: Ouais, ouais ouais. Du coup on verra, il proposait des trucs… Moi ça m’amuse, j’adore bosser avec des gens quoi, donc peut-être qu’on pourrait essayer mais je sais pas.
Pour moi, tout ce que vous avez fait ensemble: trop bien. Genre « Kamilla Dee ». Il défonce. Ou « Mediocritics » aussi. Toi Madben t’as pas beaucoup de morceaux par contre? On a passé « We Want To Rave On », « The F Track »…
Madben: « Promised Land »… Ouais j’ai une quinzaine de morceaux, sur deux ans. Quelques maxis à droite à gauche, ce qui est déjà pas mal.
Tu comptes faire un album?
Madben: Ben c’est mon projet, ouais. D’essayer le long format. Là je suis en train de finir quelques remixes et un maxi qu’on m’a demandé, tu vois. Et puis après ouais, je m’enferme sur le projet long-format. Carrément.
Tu serais plus dans un délire comme Erwan, raconter une histoire, ou plus dans l’alignement de tracks?
Madben: Ça c’est la bonne question. Il y a le côté dancefloor qui m’intéresse vachement dans la compo, moi j’aime vraiment le côté 4/4 dans la musique, sans pour autant avoir un truc binaire tu vois.
Oui, ça empêche pas d’y mettre une ambiance.
Madben: Voilà, d’y mettre des harmonies, de la mélodie… Mais le fil directeur, ça serait un truc quand même plus dirigé vers le dancefloor, avec probablement un ou deux tracks, genre, pour casser un peu le truc. Mais, voilà, l’objectif ça sera quand même plutôt de faire danser, si je fais un long-format, ça sera pas pour passer à l’opposé, faire un truc chill-out, ça sera vraiment…

RONE
(à Rone): En tout cas moi c’est peut-être ça sur ton album, moi je m’attendais vraiment à un truc plus club. Je m’attendais pas du tout à ça.

Rone: Bah, tant mieux finalement!
C’était surprenant.
Rone: Ben j’ai envie de me surprendre moi-même, en fait. C’est ça que je trouve intéressant, j’espère que le troisième album surprendra aussi, qu’on se dira « putain, c’est pas la même chose ».
C’est ça aussi, c’est pas un truc convenu, t’as su te réinventer.
Rone: Je pense que ce qui est intéressant, c’est d’arriver à faire un truc très différent, mais qu’on reconnaisse ta patte. Ouais, le troisième album, je sais pas encore à quoi ça ressemblera, mais ça ressemblera probablement pas au deuxième, de toute manière…
Il y a plein d’artistes qui nous disent « j’écoute rien quand je fais mon album ». Est-ce que toi tu écoutes des trucs qui t’influencent?
Rone: Bah moi c’est vrai que quand je faisais, par exemple, le dernier album, il y a un moment où j’ai mis un gros coup de turbo, où je me suis enfermé, où je bossais, c’est vrai que là j’écoutais plus rien. Tu as ton son, t’y penses la nuit, etc. Et puis après quand tu sors de ça, c’est le contraire, là je suis en train d’écouter plein de choses, on m’envoie plein de choses. Par contre je suis un peu nul pour parler de ça, il faudrait que je regarde mon iPhone pour voir ce que j’écoute en ce moment, mais je demande vachement. Y’a plein de potes, ça fait longtemps qu’on écoute de la musique ensemble et tout, et moi j’arrive, je suis un peu largué, ils m’envoient des choses, je fais le tri dedans etc, et je découvre des trucs comme ça… Et sûrement ça doit m’influencer, ça fait avancer le truc. J’en sais rien.
Tu écoutes toujours un peu de hip hop? On discutait de ça la dernière fois.
Rone: Oui, j’écoute de tout, à la maison. Ce qu’il y a de marrant avec le hip-hop, c’est qu’à un moment, j’écoutais que ça quoi. Quand j’avais 17, 18 ans, j’écoutais que ça. Et à un moment j’ai décroché, ça me parlait plus. Je trouvais pas de trucs qui me touchaient. En fait j’ai arrêté un peu à la fin du Wu-Tang Clan, The Pharcyde etc. Après j’ai décroché. Et ce qui est drôle, c’est que là, depuis… Bon honnêtement, moi dans ma tête comme un vieux con, je me disais: c’est mort, il se passe plus rien. Et en fait il se passe plein de trucs, je découvre ça maintenant. Même en France!
Je dirais que c’est pas forcément bien… Je sais pas si tu connais le site hiphopcore, c’est un des sites légende du hip hop en france, et ils ont sorti un dernier article intitulé « hip hop is dead » et fermé le site. C’était un gros pamphlet… Le hip hop continue vaguement à se réinventer, mais je sais pas si c’est en bien. Je trouvais qu’il se passait si peu de choses que des mecs comme 1995 qui font un truc pas révolutionnaire du tout, ça allait exploser en France parce que pour les gens ça paraît super frais. Ils sont loin d’être mauvais, mais bon.
Rone: Je connais pas bien leur son mais j’ai vu deux-trois trucs d’eux, j’aime bien leur énergie et tout ça, mais c’est marrant, déjà appeler le groupe 1995, parce que c’est pile-poil l’époque où j’écoutais du hip-hop, donc ils doivent avoir les mêmes influences que nous, Les Sages Poètes De La Rue, 2bal 2neg… Mais c’est vrai que 1995, ça sonne… Ça aurait pu sortir il y a 10 ans quoi. Mais je sais pas si vous voyez, Odezenne?
Oui!
Rone: Ces gars-là… Ça, ça me touche vachement quoi. C’est tombé dans mes oreilles. Là pour le coup il y a un truc hyper frais qui m’a parlé. Enfin, même eux disent que c’est pas du hip-hop, ce qu’ils font. C’est une espèce de chanson française. Mais j’aime bien, je crois qu’ils ont trouvé un truc intéressant. Les prods sont super belles. Le gars qui fait ça pourrait totalement faire un album instrumental. Je crois qu’il est un peu complexé, il se planque derrière les rappeurs et tout, mais le mec est hyper doué. Il m’a envoyé les prods du prochain album, c’est super beau. Et les mecs ont un bon flow; donc ouais ouais, il y a des trucs bien cools qui se passent. Bah eux par exemple, ils vont peut-être me faire un remix. J’avais envie de voir ce qu’ils pouvaient faire. Dès qu’il y a un truc qui me plaît, je me pose pas trop de questions, genre « merde, c’est pas de la techno, c’est pas minimal »…
Heureusement que les gens qui font de la techno écoutent pas que ça… De toute façon à la base il y a de la disco, funk… Même Zombie Zombie jeudi dernier, c’est du rock, mais il y avait des passages limites house, avec des bongos… Ah tiens, l’autre jour on a reçu un lien à propos de l’adaptation en film de La Zone..
Rone: Ah nan nan, c’est La Horde!
Euh la Horde, je veux dire!
Studio Fünf: J’ai eu peur(rires).
Donc oui, La horde du Contrevent. Mais toi tu avais essayé de faire La Zone, c’est ça?
Rone: Alors oui, donc on va lâcher le dossier un peu…
Tu l’as déjà lâché la dernière fois!
Rone (rires) Oui, oui, ce que j’avais pas lâché, c’est en lien avec Ludo qui fait la vidéo ce soir, du live, et c’est avec lui qu’on travaillait.
Vous faisiez vos études de cinéma ensemble?
Rone: Non, non, moi je sortais de mes études de cinéma. J’ai été un peu largué: « bon, qu’est-ce qu’il se passe, qu’est-ce que je fais »-j’avais fait 4 ans d’études de cinéma, tu sais, un peu le truc universitaire mais branleur quoi, un peu intellectuel, ou tu te rêves un peu cinéaste mais tu fais rien. Et puis j’ai rencontré Ludo qui lui vraiment était dans le concret, dans la matière. Il était dans une petit boîte de prod et il avait ce projet: c’est lui qui m’a fait connaître Alain Damasio et son bouquin.
Wow, d’accord.
Rone: Et il avait le projet d’adapter ce livre et on a bossé là dessus pendant,quoi, deux ans?
Studio Fünf: Un peu moins.
Rone: On a bossé dessus pendant un moment, et tout ça, mais bon…ouais.
Ça sera repris par quelqu’un d’autre?
Studio Fünf: Nan! Il y a un truc qui couve, un dessin animé peut-être mais on verra.
Rone: Mais c’est hyper… C’est trop tôt pour en parler.
Studio Fünf: Mais ouais c’est un désir. On est intimes avec le truc.
Pour en revenir au dernier album, on avait entendu le « Parade » joué par le Sonic Crew pendant Astro, et c’est peut-être à ce moment-là qu’on s’est pris ce morceau super dingue dans la face, et il est peut-être un peu ralenti sur l’album, et quand t’écoutes, t’es un peu moins…
Rone: Quand ils l’ont fait vous saviez pas qu’il était pas sorti?
Ben non!
Rone: Par contre vous l’aviez bien aimé? Ah ben ça c’est cool!
Du coup quand je le joue dans Traktor, je le..
Rone: Tu le pitches un peu?
Oui, voilà.
Rone: Oui mais ça c’est parce que vous êtes des bourrins, les Bretons (rires).
(rires) Nan mais sinon le morceau est beau.
Rone: Mais je suis d’accord avec vous, d’ailleurs vous allez voir ce soir je vais le jouer en live en fait et c’est vrai que je le joue un peu différemment que sur l’album. Mais ouais ouais, je vois. Et ça m’a fait hyper plaisir, parce que l’histoire de ce truc c’est Gildas qui m’avait dit… Il savait que j’étais en train de terminer l’album, mais tu vois le truc était même pas masterisé, et bon, c’est bien parce que c’est Gildas, sinon je l’aurais pas fait, je lui ai dit bon beh, tiens je suis en train de terminer l’album, il y a ce morceau là. Et trois jours après je vois ça sur Youtube! Et j’étais hyper content parce que je sentais qu’il avait mis le feu. C’était super rassurant parce que quand tu termines un album t’es dans un état un peu bizarre, quoi. Y’a aucun retour, Ludo avait entendu les morceaux, deux-trois potes… Et là tout d’un coup je voyais une foule devant, Gildas qui était à fond: « ouais c’est le dernier Rone! » (rires), là je me suis dit que c’était cool. Du coup j’ai décidé qu’à chaque album je filerais un morceau à Gildas pour qu’il le teste.

Puis bon, le public breton est assez récéptif en général.
Rone: Beh oui, c’est ça aussi!
On aime bien la techno de hangar, mais on est aussi habitués à se réveiller le matin d’astro avec des trucs planants.
Rone: Mais ouais! Ça m’avait vachement touché, cette première fois que « Parade » avait été joué… C’était symbolique, en Bretagne et tout. D’ailleurs j’aurais voulu être là, mais je sais plus pourquoi j’avais pas pu. C’est Grolex (Sonic Crew) qui m’a envoyé le lien, tu vois. Parce qu’après moi finalement je l’ai joué, je sais pas, 1 mois après, en live pour la première fois, donc ils avaient un peu d’avance. Et c’est vrai que c’est un passage en live que j’adore. C’est bizarre, c’est un moment où moi j’ai un peu l’impression d’être… Je sais plus si je joue ou si je suis spectateur, je kiffe trop. Ce morceau là il me fait ça.
Mais je pense aussi que j’ai trop usé Spanish Breakfast, et c’était magique pour moi. Et du coup t’avais le droit à aucune erreur.
Rone: Oui, ce qui est sûr, et c’est aussi pour ça que j’ai mis longtemps à le faire, c’est que je sentais une espèce de pression comme ça; pour le premier album, il sortait de nulle part, il y avait aucune mauvaise critique. Le deuxième, je sentais, à la différence du premier où je faisais mon truc sans me poser de questions, qu’il y avait une petite attente, que des gens se demandaient « qu’est-ce qu’il va faire? », et ça m’a un peu bloqué, il a fallu que je me débarrasse de ça en me disant… C’est un peu bizarre, mais en studio t’es hyper egoïste, tu penses plus du tout aux autres, en tout cas moi je me dis pas « est-ce que ça va marcher? ». Bon après quand je bosse le live oui, je m’imagine déjà un peu avec les gens, tout ça. Mais c’est un moment super intime la production d’un album et tout ce que je peux dire c’est que ce disque là il est hyper sincère et authentique, c’est ce que j’avais envie de faire à ce moment-là. Après les gens ils suivent, ils suivent pas… Je crois que certains m’ont découvert avec cet album, mais vous vous connaissiez le premier…
En fait on te connait depuis At The Controls.
Rone: Aaah ouais, ok!
D’ailleurs on a replaylisté l’edit de Bora avec des paroles en plus..
Rone: Mais nan, il y a toujours eu les paroles!
Pas les mêmes! Pas les mêmes!
Rone: Ah oui, c’est vrai! C’est vrai, j’avais fait un petit edit.

Ce mix là était incroyable. Et sinon je sais plus quand-enfin si je sais quand, c’était tout à l’heure, je suis passé sur ta page Facebook et j’ai vu que tu parlais d’un groupe qui s’appellait Rocketnumbernine, c’est quoi? On a passé Zombie Zombie qui reprenait ce morceau de Sun Ra…
Rone: Toi t’aimes bien Zombie Zombie? Si t’aimes bien tu vas adorer. Je trouve que ça va encore plus loin. C’est deux anglais, deux frangins et…En fait moi je les avait découvert par un remix de Four Tet, enfin il les avait remixés, un morceau que je trouvais trop bien. Et tu sais moi je mixe pas, je fais que des lives, mais on m’avait demandé de faire un petit mix pour Radio Nova, et j’avais mis leur morceau. Et je sais pas comment ils ont vu ça, ils m’ont envoyé un mail, on est rentrés en contact, et en plus, la coïncidence c’est qu’on jouait ensemble la semaine suivante au Luxembourg dans une toute petite salle, et c’était super cool, on a passé une super soirée, ils ont fait un live hallucinant, moi j’ai joué juste derrière eux, tout était parfait, on était bien et tout, du coup, bon, je leur ai demandé de me faire un remix et ils sont en train d’en faire un.
Ok, c’est ça que j’allais te demander. Si tu comptais faire des trucs plus rock.
Rone: (rires) Toi t’es un rocker, hein. Mais oui oui, y’a un batteur. Enfin pour moi c’est pas du rock; ça reste… C’est difficilement définissable comme son, la batterie amène un côté un petit peu vintage, mais en même temps il y a un truc hyper frais, moderne. Ils ont un son vraiment particulier. Nan je suis content de les avoir rencontré, ces mecs-là. Et c’est marrant parce qu’ils sont pas du tout connus, mais comme c’est des potes à Four Tet et tout, là par exemple ils sont en train de faire les premières parties de Radiohead.
Je savais pas que Radiohead tournait toujours à vrai dire. Je pensais qu’ils étaient tous morts.
Rone: Ouais (rires)
Mais tu as le temps d’en écouter un peu ou…?
Rone: Bah euh comme ça… Des trucs rock que j’écoute… Pourquoi j’ai autant de mal à répondre quand on me demande ce que j’écoute? Je sais pas. Le rock oui, je suis preneur. Hier j’ai vu un groupe que je connaissais pas, j’ai oublié son nom. J’étais à Tours et il y avait un super truc. De rock. Tu peux mettre ça (rires).
(rires) « Il aime le rock. » J’ai vu que tu avais mis un Pantha du Prince aussi dans un de tes mixes. Tu te sens proche de ce qu’il fait?
Rone: J’ai pas encore écouté son dernier album mais ouais ouais, j’aime bien ce mec. J’adore ce qu’il fait, par contre c’est pour te montrer à quel point je suis pas très groupie, parce qu’en même temps son album est sorti il y a deux-trois semaines et je l’ai toujours pas écouté. Son truc avec les cloches.
Ce mec m’a refait écouter de la techno, à force d’y mettre des bruits de rivière.
Rone: Son album je vais forcément l’avoir dans mes oreilles bientôt, mais je suis pas impatient de l’écouter, je sais pas trop pourquoi. Par contre j’aime bien le bonhomme, il fait ses trucs à fond avec ses petites cloches.
En plus Bells Laboratory c’est un vrai laboratoire où des gens expérimentaient sur les machines et la musique électronique. Quand les autres postent de la deep house sur la page de la Moule, je passe derrière pour poster des trucs comme ça… Laurie Spiegel par exemple. Des grosses nappes, ça pourrait te plaire. Ça ramasse aucun like. En tout cas beaucoup moins que les posts où on insulte les gens parce qu’ils sortent des albums pourris-enfin pas toi hein!
Rone: (rires) D’accord!
Sinon sur Twitter j’ai vu que tu avais retrouvé tes anciens morceaux et que tu allais les mettre sur Soundcloud?
Rone: Ah ouais! Ça c’est drôle. En fait j’ai retrouvé un cd gravé, où il y a une trentaine de morceaux, et j’ai mis 10 minutes avant de comprendre que c’était moi qui avait fait les sons parce que c’était des trucs que j’avais fait il y a super longtemps (rires). Et, bon, il y a de tout quoi. Il y a des trucs de merde (rires). Mais ça fait bizarre de retomber sur des vieux sons.
Madben: Il y a des trucs sur lesquels tu bossais, tu réecoutes ça tu te dis « oh putain. »
Rone: Bah c’est-à-dire que techniquement, c’est dégueulasse.
Madben: T’en penses quoi de tes premiers morceaux?
Rone: Justement, d’un côté je me suis dit « qu’est-ce que c’est que ce truc », et puis je reconnais un thème, je me dis « merde! »-je l’avais fait à 17 ans, un peu romantique, dans ma chambre de bonne, plaqué par ma meuf, et il y avait des trucs hyper kitschs et tout, et n’empêche que ça me touchait.
Bah c’est une partie de toi.
Rone: Oui! Et puis sur les 30 morceaux, ce qui m’a surpris, c’est qu’il y avait, bon, beaucoup, beaucoup de trucs complètement nuls (rire) mais tout d’un coup il y a un truc, putain! C’était pas mal. Nan mais je sais pas du tout ce que j’en ferais.
Tu nous les fileras pour notre channel youtube (rires). On met les morceaux qu’on peut pas trouver… On a posté un EP entier de Rue De Plaisance et on s’est fait engueuler par le patron, il a dit qu’on tuait l’industrie du vinyl.
Rone: Ah ouais carrément!
Il nous a envoyé un message super agressif.
Rone: Vous avez enlevé le truc du coup?
Ben ouais, sinon on allait devoir fermer le compte. On venait juste de l’ouvrir.
Rone: Il était en streaming, pas téléchargeable?
Non, non. C’est insupportable de vouloir écouter un morceau et d’avoir l’EP en un seul track avec un gros « exclusive » dessus.
Rone: Mais ça c’est les labels qui se prennent la tête avec ça. Moi personnellement je m’en fous complètement. Mais ouais les labels doivent paniquer un peu. J’ai un pote qui a un blog, il en a rien à foutre, il met plein de morceaux (rires). Il arrête pas de recevoir des mails des maisons de disques: « tu vas arrêter connard? » (rires).
À côté on a mis un EP d’Agoria et il a rien dit du tout. Mais c’est sous un autre nom et c’est même pas sûr qu’il s’en souvienne encore. Bon du coup on va devoir décoller. Sauf si Ben a un truc a nous dire.
Madben: Ben écoute, je suis venu en touriste ce soir (rires).
Par contre le vauban hier c’était dingue.
Madben: C’était mortel, vraiment.
Il y a eu « Tombe La Neige »?
Madben: Il y a eu « Tombe La Neige », oui! « Strings Of Life » juste avant.
Ah c’était « Strings Of Life »? Je croyais que c’était « Strings Of Eha » que tu avais remixé.
Madben: C’était un remix d’un mec totalement inconnu au bataillon. Et Ian O’Donovan avec qui je jouais m’a fait découvrir ce morceau. Et du coup il m’a filé la réf. « Danny Krivit Re-edit », je crois.
Ah mais ce morceau il a déjà de l’âge.
Madben: « Strings Of Life »? Il est de 89.
Nan nan, le remix.
Madben: Ah oui! On en parlait avec Ian, 2007 je crois.
Beaujean (Input Selector): Oui, 5-6 ans. T’as un remix avec une voix un peu club, c’était sur les compils Byblos de Saint-Tropez à l’époque.
Madben: Mais là celui-là, ouais, il est assez mortel.
Beaujean: T’as l’impression qu’il va s’arrêter et bam!
Ça c’est chiant quand on veut le passer à la radio, parce qu’on est en train de faire autre chose et on croit que le morceau va s’arrêter, du coup on se rue vers la table (rires). Il y a genre 5 breaks dans le machin.
Madben: C’est vrai que ça a bien foutu le bordel au vauban.
Moi je cherche toujours le remix de « Tombe La Neige » par Electric Rescue que Gildas avait passé au Vauban.
Madben: Ah il avait fait un remix?
Ouais, je sais même pas si le truc était masterisé. Tout à l’heure tu disais que t’allais sortir des trucs bientôt?
Madben: Ouais ouais, j’ai des trucs dans les tuyaux. Le astro va arriver en version classique, la version limitée est déjà sortie… Sans te mentir j’ai posté le truc hier, j’ai reçu plein de mails : « Ah tu peux m’en mettre un de côté? » -« Ah bah nan les gars faut venir à Brest hein » (rires)
Grolex est venu en rafler trois (rires)
Madben: Mais il y en aura quelques uns sur le site. Ils en ont gardé une vingtaine je crois. Et du coup après il y a ce fameux maxi avec Ian O’donovan. Le morceau c’est « Your Little Voice », mon track. Puisqu’en fait le trip de ce maxi c’est qu’on a fait un original chacun et on s’est remixé.
Ils sont pas sur internet, si?
Madben: euh… T’as un petit rip qui a été posté par le label il y a peu de temps. Le remix que Ian a fait de mon track il est vachement joué par John Digweed. Il est mortel. Ça fait six mois qu’on lui a filé et il le joue toujours. Et puis moi j’ai remixé « Bang The Acid », c’est un morceau assez mythique de l’acid techno des années 90, de Damon Wild. Donc ça sort en vinyl bientôt. C’est un label qui s’appelle Missile qui est un gros, gros label des 90’s avec Pump Panel et tout ça. À donf’ dans l’acid. J’ai jamais été à donf’ dedans mais j’en écoute quelques tracks, j’aime bien en passer un ou deux dans un set tu vois, mais j’écouterais pas 2 heures d’acid, tu risques de devenir… »gnééé » (rires). Et là sur ce truc, sur ce projet de remixes, t’as de belles signatures, t’as Skudge, Ben Sims… C’est un chouette projet.
Le dernier album de Ben Sims était très, très bon.
Madben: Ouais , je trouve qu’il a apaisé son truc, y’a un côté « nappes » qui est assez mortel.