Description
Pour ce projet Bruno Peinado s’est intéressé à plusieurs éléments narratifs qui jalonnent ses recherches depuis longtemps.
« Tout d’abord la longue histoire du smiley, qui avant d’agrémenter nos mails et sms a incarné depuis sa création par Harvey Ball dans les années 60 toutes les luttes des contre-cultures, de la beat génération au punk rock, du grunge à la culture house, mais aussi des relations conflictuelles entre des images libres de droits et les tentatives de privatisation par des copyrights. Et alors que le capitalisme mainstream semble avoir récupéré la plupart des formes de rébellion des cultures populaires et des industries culturelles, le spectre des simulacres d’émotions symbolisées en autant d’émoticônes n’a cessé d’augmenter. Comme si ces pictogrammes avaient réussi à remplacer des mots que parfois on ne sait ou ne désire prononcer.
Les emoji accompagnent aujourd’hui bien moins les contre-cultures et incarnent souvent plus ce que la complexité de la prise de parole et des engagements a parfois du mal à faire entendre.
Une autre figure du renoncement ici travaillée est celle de Bartleby, le scribe de la nouvelle de H. Melville qui par cette fameuse maxime du “I would prefer not to“ décide de s’opposer à toute action et qui par là incarne une forme de résistance absolue qui peut résonner en ces temps si complexes de pertes de mobilisations ou de perte de repères que nous pouvons éprouver face aux crises multiples que nous traversons.
J’ai désiré faire se rencontrer ces deux pistes narratives pour ce projet afin de jouer avec le chaud et le froid, le léger et le sérieux et ce que peut être une écharpe : tout à la fois un vêtement qui nous protège mais qui peut aussi servir d’étendard pour revendiquer et afficher des identités ou des messages.
Ici les messages sont multiples et c’est à chacun.e de négocier les siens selon la manière dont cette écharpe sera portée, affirmant ou non l’émotion que l’on pourrait mettre en avant, une sorte de baromètre du sensible en somme. »
- Écharpe à franges tricotée avec amour en Union Européenne
- Édition limitée de 50 exemplaires, numérotée et jamais rééditée.
- 5 couleurs de fils : noir, violet, jaune, gris clair, rouge
- Dimensions : 22 x 160 cm
- 100% acrylique doux
- Entretien : lavage à la main conseillé ou à 30° en programme délicat. Séchage à l’air libre. Repassage à basse température si besoin.
Figure de la scène française, il se fait connaitre en 2000 avec son iconique « The Big One World », un bibendum Michelin racisé, poing levé, réinterprété façon Black Panthers et dont la portée symbolique et politique retentit avec toujours autant de pertinence vingt ans plus tard. L’artiste revendique procéder selon la logique de la créolisation (d’après le concept d’Edouard Glissant) brassant et rééchantillonnant une pluralité d’éléments hétéroclites issus de tous horizons. Une œuvre rhizomique qui s’égrène et fructifie selon une stratégie inclusive de mise en relation, questionnant par-là les modèles dominants en valorisant l’inattendu de la rencontre et le multiculturalisme. Ses recherches polyphoniques s’attachent autant à des formes picturales que sculpturales nourrissant un dialogue incessant avec les héritages de la modernité et des avant-gardes. Jouant d’hybridations, de nouvelles relations issues de mixages et métissages, ses œuvres en se faisant le miroir de l’étendue des images du monde, questionnent nos systèmes de valeurs et les manières de penser notre monde contemporain.